Dans les années 60 et 70, c'était une pratique courante d'adapter les chansons à succès des autres pays en français et c'est pourquoi on retrouve une foison de titres non originaux parmi les catalogues des chanteurs et chanteuses de ces années-là. Nous n'en avons donc pas toujours conscience mais beaucoup de morceaux que nous connaissons sont en fait des reprises. Dans cette section, mon but n'est pas de parcourir l'ensemble des adaptations en langue française (j'en aurais pour des heures rien qu'avec Johnny Halliday et Joe Dassin), mais simplement de vous présenter une sélection personnelle.
Fin des années 90, la chanteuse flamande Kim 'Kay fait fureur avec le titre Li La Li
une soupe commerciale techno-celte. En 2000, celle-ci remet le couvert avec une reprise... de Mike Oldfield !
Mike Oldfield, In Dulci Jubilo (1975) | [00:05 – 00:13] | |
Kim 'Kay, La Dah-li-danse (2000) | [00:29 – 00:36] |
Lorsque j'étais enfant passait à la télévision le dessin animé Capitaine Planète, qui était précurseur en matière d'environnement et d'écologie. Or la version française du générique, différente de l'original, ressemble à s'y méprendre à un morceau de Michael Jackson.
Michael Jackson, The Way You Make Me Feel (1987) | [00:41 – 00:50] | |
Capitaine Planète, Générique (français) (1991) | [00:26 – 00:33] |
Le thème des Feuilles Mortes, basé sur le cycle des quintes, est si mémorable, qu'il a tendance à ruisseler sur d'autres chansons. Outre la progression, notez dans ces trois extraits la similarité de l'anacrouse.
Yves Montand, Les Feuilles Mortes (1946) | [00:46 - 00:56] | |
Jean Gabin, Maintenant Je Sais (1974) | [00:00 - 00:11] | |
Les Chéris, On En A Marre (1990) | [00:03 - 00:13] |
La bossa-nova et la musique brésilienne ont fortement influencé les artistes francophones de l'époque. En voici un exemple avec Michel Fugain et son Big Bazar.
Antonio Carlos & Jocafi, Você Abusou (1971) | [00:26 – 00:33] | |
Michel Fugain & le Big Bazar, Fais comme l'oiseau (1972) | [00:11 – 00:17] |
J'ai toujours apprécié les chansons de Claude Nougaro, dont la poésie des textes se marient parfaitement au style jazz. Au fur et à mesure de mon éducation musicale, j'ai donc été surpris de découvrir que les musiques utilisées étaient souvent des reprises.
Dave Brubeck Quartet, Three To Get Ready (1959) | [00:12 – 00:21] | |
Claude Nougaro, Le Jazz et la Java (1962) | [00:06 – 00:12] |
Chico Buarque, O Que Será (A Flor Da Terra) (1976) | [00:00 – 00:06] | |
Claude Nougaro, Tu Verras (1978) | [00:07 – 00:12] |
Marc Legrand & Victor Meusy, Les Crapauds (1897), version d'Alain Souchon (2011) | [00:14 – 00:22] | |
Claude Nougaro, Clodi-Clodo (1980) | [00:05 – 00:10] |
Hymne des étudiants de Louvain-La-Neuve, je me suis coltiné cette chanson d'Édouard Priem à toutes les fins de soirée. Et à chaque fois je pensais la même chose : Mais bon sang ! Quelle honte ce plagiat !
. En effet, mis à part l'orchestration abonimable, celle-ci me semblait en tout point identique à Quelli Erano Giorni de Gigliola Cinquetti, c'est-à-dire la version italienne de Those Were The Days de Mary Hopkin, qui elle-même est une reprise d'un chant traditionnel russe dont je vous propose ici un extrait de 1926.
Alexander Vertinsky, Dorogoi Dlinnoyu (1926) | [00:36 – 00:46] | |
Mary Hopkin, Those Were The Days (1968) | [00:40 – 00:48] | |
Édouard Priem, Louvain-La-Neuve (1996) | [01:00 – 01:10] |
Des exemples tirés par les cheveux, d'autres moins : voici mon almanach d'associations diverses de morceaux !
Il s'agit ici clairement d'une coïncidence, mais cela m'amuse toujours que ce morceau d'Alizée (un de mes péchés mignons) partage sa séquence d'accords (IV V I VIm) avec un morceau des Who que j'adore.
Alizée, J'en ai marre ! (2003) | [00:15 – 00:22] | |
The Who, Cut My Hair (1973) | [00:14 – 00:22] |
Green Day se sont-ils inspirés de ce classique de Chicago ? Ou bien s'agit-il simplement d'un enchaînement harmonique qui émerge naturellement lorsque l'on joue de la guitare ?
Green Day, Brain Stew (1996) | [00:06 - 00:14] | |
Chicago, 25 or 6 to 4 (1970) | [00:00 - 00:08] |
Je me demande si Nobuo Uematsu, compositeur de génie de la bande-son des Final Fantasy, et une de mes plus grandes influences musicales, ne serait pas fan de Keith Emerson ?
Emerson, Lake & Palmer, Trilogy (1972) | [03:11 - 03:17] | |
Final Fantasy VII (Nobuo Uematsu), Electric de Chocobo (1997) | [00:13 - 00:19] |
Fortuit ou non, il y a un l'air de famille !
Un deuxième exemple est cette reprise du Blue Rondo a la Turk du Dave Brubeck Quartet, cette fois dans la première formation de Keith Emerson, qui semble tout droit sortie du jeu Final Fantasy VII.
The Nice, Rondo (1968) | [01:16 - 01:27] | |
Final Fantasy VII (Nobuo Uematsu), Those Who Fight Further (1997) | [01:35 - 01:48] |
Correspondance inopinée : celle d'une phrase d'une symphonie du compositeur Bohuslav Martinu, avec... un tube des Cardigans !
Bohuslav Martinu, Symphonie No. 2 (1943) | [18:18 – 18:25] | |
The Cardigans, Lovefool (1996) | [00:42 – 00:48] |
C'est en regardant le film Habla con ella d'Almodóvar que j'ai déniché le morceau Cucurrucucú paloma, repris par Caetano Veloso, qui m'a immédiatement évoqué une chanson de Lucio Dalla.
Tomás Méndez, Cucurrucucú paloma (1954), interprétée par Pedro Infante | [01:14 – 01:26] | |
Lucio Dalla, Canzone (1996) | [01:27 – 01:36] |
Ici, une autre progression chromatique courante, présente dans plusieurs morceaux, dont le représentant emblèmatique est pour moi le Copacabana de Barry Manilow.
Barry Manilow, Copacabana (1978) | [01:17 - 01:25] | |
Les Chéris, On En A Marre (1990) | [01:33 - 01:40] |
Je pense qu'il ne s'agit pas d'un concours de circonstances mais que l'ex-chanteuse d'Os Mutantes s'est abondamment inspirée des Doobie Brothers.
Doobie Brothers, What A Fool Believes (1978) | [00:15 - 00:25] | |
Rita Lee, Lança Perfume (1980) | [00:45 - 00:53] |
Les mêmes inflexions pour deux de mes chouchous méconnus.
Rod Stewart, True Blue (1972) | [00:00 - 00:08] | |
Status Quo, Living on a Island (1979) | [00:014 - 00:20] |
Le même riff de piano à quelques mois d'écart : le Zeitgeist a encore frappé !
Emerson, Lake & Palmer, Hallowed Be Thy Name (March 1977) | [00:24 - 00:30] | |
Foreigner, Cold As Ice (July 1977) | [00:13 - 00:19] |
Ritchie Blackmore avait-il eu l'occasion d'entendre l'album Obscured by Clouds de Pink Floyd ? Ou bien s'agit-il simplement d'un riff apparaissant spontanément à la guitare ?
Pink Floyd, When You're In (1972) | [00:09 - 00:15] | |
Rainbow, Sixteenth Century Greensleeves (1975) | [00:00 - 00:07] |
Quand j'étais enfant, je passais des heures sur l'Encyclopédie Encarta 97 qui tournait sur mon ordinateur de 4Gb avec Windows 98. On y trouvait notamment une page interactive sur les musiques du monde, sur laquelle on pouvait entendre le thème du St Thomas de Sonny Rollins. Je le reconnais donc facilement lorsque je l'entend, notamment dans cette citation de fin de solo de Keith Emerson qui imite un steeldrum au synthé.
Sonny Rollins, St Thomas (1956) | [00:22 – 00:26] | |
Emerson, Lake & Palmer, Karn Evil 9 (2nd impression) (1973) | [02:22 – 02:28] |
Sur l'album The Who Sell Out on peut entendre un jingle de la Radio London qui ressemble à s'y méprendre à la Chanson des Jumelles de Michel Legrand. L'album des Who est sorti la même année que le film de Jacques Demy, et je n'ai pu trouver aucune information à propos du jingle. Je serai bien curieux de savoir si l'un a été influencé par l'autre.
Radio London, Jingle, from The Who, Mary Anne With The Shaky Hand (1967) | [02:20 – 02:28] | |
Michel Legrand, Chanson des jumelles (1967) | [00:24 - 00:32] |
Dvorak est tchèque, Martinu tchécoslovaque : coïncidence, citation, ou élément tiré du folklore ?
Dvorak, Symphonie du Nouveau Monde (1893) | [01:51 – 01:56] | |
Bohuslav Martinu, Symphonie No. 2 (1943) | [18:08 – 18:13] |
Pour cette fin d'année 2023, je vous propose deux similarités entre chansons sur le thème de Noël. La première concerne le classique Last Christmas de Wham! qui ressemble à s'y méprendre à Reunited de Peaches & Herb :
Peaches & Herb, Reunited (1978) | [00:18 – 00:30] | |
Wham!, Last Christmas (1984) | [00:22 – 00:32] |
La seconde concerne Happy Xmas de John Lennon et son rapprochement improbable avec Hugues Aufray :
Hugues Aufray, Stewball (1966) | [00:05 – 00:25] | |
John Lennon, Happy Xmas (War Is Over) (1971) | [00:03 – 00:20] |
John Lennon aurait-il copié Hugues Aufray ? Ce serait rigolo ! Et bien l'explication c'est que la chanson de Hugues Aufray n'est pas originale mais est une adaptation d'une chanson traditionnelle anglaise (également intitulée Stewball ou Skewball). Chanson traditionnelle dont s'est inspirée John Lennon.